En janvier, foodwatch et près de 20 000 personnes interpellaient Auchan, E. Leclerc, Carrefour et compagnie avec un mot d’ordre : il est temps de mettre fin au marketing et à la pub de la malbouffe ciblant les enfants sur leurs marques distributeur. Cette mobilisation citoyenne a été un levier fort qui a poussé les géants de la distribution à agir, enfin, pour protéger la santé des plus jeunes. Quels supermarchés se sont engagés ? Quels sont les mauvais élèves à la traîne ? Pourquoi la balle est-elle désormais dans le camp politique ? On fait le point.
9 supermarchés engagés : le marketing de la malbouffe ciblant les enfants recule dans les rayons alimentation
Pour inciter les distributeurs à s’engager, foodwatch a donné en début d’année le « top départ » d’une course à l’engagement : notre petite équipe a mis sur la ligne de départ douze enseignes de la grande distribution et les a mises au défi d’agir de manière concrète pour la santé des enfants.
Près de 20 000 interpellations citoyennes et de nombreux échanges avec les enseignes plus tard, foodwatch tire le bilan de ce rapport de force instauré avec la grande distribution : avec 9 supermarchés engagés pour mettre fin au marketing et à la publicité ciblant les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés de leurs marques distributeur, votre mobilisation permet de décrocher une belle victoire pour la santé des générations futures !
Le Podium des Cancres de la malbouffe : Leader Price, E. Leclerc et Casino, les distributeurs à la traîne
Parmi les supermarchés, il y a des champions… de l’inaction ! Trois distributeurs qui ignorent tout à la fois leur responsabilité immense dans nos choix de consommation, et l’interpellation de près de 20 000 personnes qui exigent des changements concrets de leur part ! Depuis janvier, l’équipe foodwatch les a pourtant interpellés sans relâche, leur a tendus la main pour échanger, en vain. Se moquent-ils de la santé des enfants ?
Sur la plus haute marche du podium : Leader Price, mesdames et messieurs ! Pas de quoi les féliciter. Depuis janvier, c’est bien simple, une seule devise pour le supermarché : silence radio ! Leader Price n’a pas daigné répondre à nos courriers, ni à nos propositions de rendez-vous.
En deuxième position, E. Leclerc a pris des engagements inefficaces pour protéger sérieusement la santé des enfants. En réponse à notre sollicitation, le supermarché a mis en avant l’amélioration des recettes des produits de sa gamme distributeur, son engagement en faveur du Nutri-Score et l’arrêt de la distribution des prospectus… pas grand-chose à voir avec le marketing sur leurs produits trop gras, trop sucrés et trop salés nous direz-vous !
Sur la troisième marche, Casino peut mieux faire. Si l’enseigne ne fait pas de publicité à destination des enfants, elle commercialise une gamme de produits les ciblant spécifiquement : Doodingues, dans laquelle, selon les critères de l’OMS, on trouve des produits trop gras, trop sucrés, trop salés qui ne devraient pas fait l’objet d’un marketing enfantin utilisant des mascottes au-devant de leurs emballages.
Pour foodwatch, l’inaction de ces distributeurs n’est pas acceptable. Si les autres supermarchés ont fini par s’engager et prendre des mesures sérieuses pour protéger la santé des enfants, pourquoi pas eux ? Il en va de même pour les industriels de la malbouffe qui semblent préférer matraquer les enfants à coup de publicité que de protéger leur santé.
Vers une règlementation encadrant le marketing de la malbouffe ciblant les enfants
Dans le combat pour faire interdire ces pratiques, interpeller les distributeurs n’est qu’une étape : seule une règlementation contraignante permettra de bannir le marketing et la publicité de la malbouffe ciblant les enfants. foodwatch l’a prouvé : pour protéger la santé des enfants, faire le pari de l’auto-régulation n’est pas suffisant. Au-delà des produits des marques distributeurs vendues par les supermarchés, les rayons alimentation regorgent de produits trop gras, trop sucrés et trop salés qui ciblent spécifiquement les enfants. Et malheureusement, la grande majorité des industriels fabriquant cette malbouffe ne prennent pas leurs responsabilités et préfèrent se cachentr derrière des promesses fumeuses.
Dans sa dernière enquête, notre association démontrait par l’exemple de l’EU Pledge, cette charte d’engagement volontaire signée par les géants de l’agro-industrie en Europe, que lorsque les entreprises font elles-mêmes les règles du jeu, les résultats sont catastrophiques pour la santé des enfants. Sur 228 produits analysés par foodwatch, commercialisés par Mondelez, Nestlé, Lindt et consorts auprès des enfants, 218 sont trop gras, trop sucrés, trop salés, c’est-à-dire mauvais pour la santé des plus jeunes si on les compare aux recommandations de l’OMS.
Depuis trop longtemps, les autorités se cachent derrière ces soi-disant engagements qui ne font pas la différence pour la santé des enfants. Si la mobilisation des supermarchés est un pas en avant pour protéger la santé des enfants des ravages du marketing de la malbouffe, les pouvoirs publics doivent désormais prendre le relais et imposer une réglementation stricte et contraignante pour toute l’industrie agro-alimentaire. La santé des enfants ne devrait jamais pas reposer sur le bon vouloir des industriels !