La malbouffe, sponsor de la Coupe du monde : un match déséquilibré pour la santé des enfants
Les industriels de la malbouffe prennent nos enfants pour cibles. En cette période de Coupe du monde, vitrine de choix pour les marques, foodwatch a recensé nombre de pratiques choquantes des sponsors : placement de produits, débauchage de youtubeurs (parfois très jeunes), cadeaux, sponsoring, concours, etc. Le match est serré. Pour foodwatch, cela suffit : l’arbitre doit siffler la fin de la partie. Il faut une loi pour protéger nos enfants du marketing agressif pour des produits trop gras, trop sucrés, trop salés.
D’un côté, on retrouve les millions de l’industrie agroalimentaire pour attirer dans ses filets des clients toujours plus jeunes : Coca-Cola, Fanta, Nutella, brioche Pasquier, McDonald’s, KFC, etc. De l’autre, il faut saluer le bon sens de l’Organisation mondiale de la santé qui préconise depuis des années un cadre légal pour limiter ce marketing et freiner enfin l’épidémie d’obésité qui laisse de nombreux enfants sur la touche… Le match est déséquilibré. C’est la raison pour laquelle foodwatch lance une nouvelle pétition adressée, cette fois, aux décideurs politiques.
La visibilité de Coca-Cola, Ferrero, McDonald’s, KFC et compagnie, club de géants de la malbouffe, sponsors ou partenaires de la Coupe du monde, est énorme. Le problème, pour foodwatch, est que ces fabricants de produits peu équilibrés ne reculent devant rien pour cibler directement un public vulnérable : les enfants.
Rien ne le leur interdit d’attirer les enfants dans leurs filets
Coca-Cola et McDonald’s, qui ne se distinguent pas par l’exceptionnelle qualité nutritionnelle de leurs produits, sont sponsors officiels de la FIFA, organisatrice de la Coupe du Monde. KFC, Coca-Cola et les brioches Pasquier sont partenaires ou fournisseurs de la Fédération française de football. La chaîne de fast-food KFC offre une balle à l’effigie des Bleus à l’achat d’un menu enfant. Ferrero, elle, met en scène Olivier Giroud (joueur français qui évolue à Chelsea) dans une pub racoleuse avec une enfant pour vanter la pâte à tartiner Nutella, autre produit-phare de la malbouffe.
Tandis que les brioches Pitch de Pasquier poussent à acheter six paquets de produits beaucoup trop sucrés (23 grammes de sucre par 100 grammes de produit) afin de recevoir un « maillot de foot personnalisé » en taille 8, 10 ou 12 ans.
Plus insidieusement, on retrouve le placement du Coca-Cola dans le jeu vidéo FIFA 2018, dans une scène où le joueur sponsorisé par le n°1 des sodas est en présence d’un enfant... Mais les géants de la malbouffe ne s’arrêtent pas là.
Les géants de la malbouffe font appel aux YouTubeurs favoris de nos enfants
Certaines marques ont bien compris que les enfants et adolescents passent désormais des heures à regarder leur smartphone ou leur tablette. Youtube est le réseau social favori des jeunes ados, loin devant Facebook. En France, Coca-Cola n’a donc pas hésité à séduire la quasi-totalité des youtubeurs préférés de nos enfants – qui cumulent des millions d’abonnés - pour les faire apparaître sur sa « Coke TV » (YouTube), dans la « Creative House » de Fanta ou en s’assurant qu’ils parlent des sodas sur leurs chaînes Youtube personnelles : McFly et Carlito (rebaptisés Pascal & Obispo), Natoo, Amixem, Kevin Tran et El Hadj notamment. Kevin Tran, qui co-anime la chaîne YouTube Le Rire Jaune, très populaire auprès des jeunes, crée des mangas à succès pour enfants : la série « Ki & Hi » .
Comme si cela ne suffisait pas, la même opération de Fanta s’est entourée d’une belle brochette d’autres YouTubeurs en guise de parrains : Juliette, Marjorie, Audrey, Greg Guillotin, DR Nozman, Mam’s, Big Flo & Oli, Anthony Lastella, Akim Omiri, Jhon Rachid , TIM, Le Woop, Swan Perrissé, Jonathan O’Donnell, Maxenss, Ludoc, Panayotis, Maxime Tabard, Henry Tran ou encore Waxx. Impossible pour les enfants d’échapper à la communication de Coca-Cola par ce biais.
Les enfants parlent aux enfants ?
Tout est bon pour faire plus de profits, y compris recourir à des enfants YouTubeurs. Pour preuve, Carambar, par exemple, a fait appel à la YouTubeuse Satine (13 ans) pour gonfler ses marges. Pascale Infante, directrice marketing de Carambar, explique : « L’objectif affiché (est) de ‘toucher les 11-14 ans et aussi les plus jeunes (…) On a vu nos marges progresser de 11% par rapport à l’année dernière ». C’est sans doute également l’objectif de McDonald’s lorsque le groupe envoie ses produits aux très jeunes YouTubeurs Neo et Swan (près de 2,8 millions d’abonnés) ou du Studio Bubble Tea (près de 1,3 million d’abonnés à leur chaîne) afin qu’ils promeuvent cette malbouffe auprès d’autres enfants de leur âge…
Pour foodwatch, cela fait trop longtemps qu’on mise sur le bon vouloir des industriels pour limiter l’influence du marketing de la malbouffe sur les enfants. Or, leurs engagements volontaires ne sont souvent qu’un écran de fumée. Les autorités doivent protéger la santé des plus jeunes et encadrer sans tarder les pratiques irresponsables des industriels par la loi.
La situation est grave. Dans le monde, le surpoids et l’obésité touchaient 41 millions d’enfants de moins 5 ans et 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans en 2016. En 40 ans, les cas d'obésité chez l’enfant et l’adolescent ont été multipliés par dix, selon l’Organisation mondiale de la Santé. En France, 1 enfant sur 6 est en surpoids ou obèse et risque de le rester à l’âge adulte. Résultat : le surpoids (obésité incluse) touche un adulte sur deux, facteur de risque aggravant les maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires et le diabète. La surcharge pondérale représentait un coût social de 20 milliards d’euros pour l’année 2012.