Il aura fallu quatre ans de mobilisation pour enfin protéger la santé des consommateurs et des consommatrices de l’additif dioxyde de titane (E171), présent dans des aliments très consommés par les enfants. C’est chose faite : l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) vient enfin de confirmer que le E171 n’était « pas sûr dans l’alimentation ». Deux ans après sa suspension dans les assiettes françaises, l’Europe est enfin en passe d’interdire ce colorant dangereux pour la santé. Rétrospective d’une victoire qui en amènera sûrement d’autres !
Un combat de longue haleine
On revient de loin, très loin. En 2016, les experts de l’EFSA qui réévaluaient le E171 avaient conclu que l’additif ne soulevait pas de préoccupations pour la santé. Mais en mai 2021, renversement de situation ! Le dioxyde de titane, composé en partie de nanoparticules, est désormais considéré par cette agence européenne de sécurité des aliments comme n’étant « pas sûr dans l’alimentation ». Que s’est-il passé ? L’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) avait, elle, bel et bien alerté d’abord en 2017 puis en 2019 sur les risques pour la santé que présentait cet additif. Et puis surtout, plusieurs organisations dont foodwatch ont décidé de s’appuyer sur les expertises scientifiques pour mener le bras de fer et obtenir son interdiction.
Aujourd’hui, 338 additifs sont autorisés dans l’alimentation en Europe. C’est beaucoup trop : les toxicologues alertent sur les risques pour la santé démultipliés par les interactions chimiques entre ces substances. C’est le fameux « effet cocktail ». Mais surtout, certains d’entre eux sont identifiés comme potentiellement dangereux pour la santé et devraient donc tout simplement être interdits. Cela paraît évident, non ? Malheureusement, pas pour tout le monde ! Mais l’exemple du E171 prouve que notre mobilisation permet de faire bouger les lignes.
David contre Goliath : de la France à l’Europe
Il avait fallu une bataille de haute lutte pour obtenir la suspension en France de cet additif dans l’alimentation à partir de 2020. Mais ce combat se joue depuis au niveau européen, pour obtenir une interdiction généralisée du dioxyde de titane dans tous les produits alimentaires commercialisés dans l’UE.
Dès le mois de juillet 2019, foodwatch et 8 autres ONG européennes poussaient la Commission et les autres Etats membres à étendre la décision française, lors d’une rencontre avec la Direction générale de la santé à Bruxelles. Mais les lobbies faisaient pression pour bloquer cette interdiction, en dépit des nouvelles études scientifiques sur la dangerosité du E171. Les décideurs européens se sont abrités derrière le soi-disant doute scientifique pour gagner du temps. Ils ont préféré attendre une nouvelle évaluation des risques du E171 par l’EFSA plutôt que d’appliquer le principe de précaution.
Coup d’accélérateur dans l’UE
La conclusion du rapport que l’EFSA vient de publier parle d’elle-même et débloque enfin ce statu quo : « Le E171 ne peut plus désormais être considéré comme sûr en tant qu’additif alimentaire ».
La Commissaire européenne en charge de la santé, Stella Kyriakides, a immédiatement réagi en faveur d’une interdiction du dioxyde de titane dans l’alimentation dans toute l’Europe.
C’est une victoire, et nous allons surveiller de près les décisions et la mise en œuvre de cette interdiction. Ce succès nous encourage à mener les mêmes batailles, aussi longtemps qu’il le faudra, pour obtenir l’interdiction d’autres additifs potentiellement dangereux pour la santé.
Après le E171, les nitrites : une autre bataille de santé publique
Fort·es de notre mobilisation commune sur le E171, nous avons ouvert un autre front pour faire interdire les additifs à base de nitrites et nitrates ajoutés dans l’alimentation . Avec une stratégie similaire : agir d’abord en France, puis atteindre l’objectif européen.
Près de 340 000 d’entre vous ont rassemblé leurs forces en signant la pétition que foodwatch a lancé avec la Ligue contre le cancer et Yuka et en participant à nos actions d’interpellations.
Ce pavé que nous avons jeté dans la mare a fait de nombreux remous et le sujet est devenu une priorité politique : le député Richard Ramos a mis sur la table une proposition de loi pour une interdiction progressive de ces additifs, qui devrait être discutée fin 2021, après la publication d’un nouveau rapport de l’Anses.
Aujourd’hui, face à cette pression grandissante, la fédération des industriels de la charcuterie (FICT) se cabre et fait tout pour empêcher cette interdiction : tentative de pression sur notre mobilisation, procès contre notre partenaire Yuka… foodwatch a dénoncé haut et fort ce double jeu des grandes marques comme Herta, Fleury-Michon, Madrange ou Aoste.
Faisons grandir notre mobilisation citoyenne pour mettre fin à ces pratiques et obtenir l’interdiction de ces additifs dangereux pour la santé dans notre alimentation, en France puis en Europe !
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