La mission parlementaire menée par les députés Richard Ramos, Michèle Crouzet et Barbara Bessot-Ballot a présenté aujourd’hui son rapport sur « les sels nitrités dans l'industrie agroalimentaire ». Ses conclusions sont sans équivoque : la charcuterie « ‘sans nitrite’ ne doit être ni une niche, ni une mode : il doit devenir la norme. C’est un impératif de santé publique. ». Les trois députés ont donc déposé une proposition de loi pour « l’interdiction progressive des additifs nitrés dans les produits de charcuterie ». Pendant ce temps, la fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT) s’entête à faire pression pour empêcher une telle loi, et poursuit sa procédure judiciaire contre Yuka, exigeant de l’application qu’elle retire les informations sur les risques pour la santé de ces additifs et le lien vers notre pétition commune, qui a réuni près de 325 000 signatures.
Un rapport sans équivoque
Après plusieurs mois de travail et plusieurs dizaines d’auditions des parties prenantes – des industriels de la charcuterie, la distribution mais aussi de nombreux chercheurs ainsi que la société civile, dont foodwatch – la Mission d’information parlementaire sur « les sels nitrités dans l'industrie agroalimentaire » conclut à la nécessité, pour des raisons de santé publique, de mettre fin aux nitrites et nitrates ajoutés dans la charcuterie.
Le travail des trois députés à la tête de cette mission – Richard Ramos (MODEM), Barbara Bessot-Ballot (LREM) et Michèle Crouzet (ex-LREM) – a confirmé le diagnostic qui nous avait poussés il y a un peu plus d’un an à lancer notre pétition pour l’interdiction des additifs E249, E250, E251 et E252 : « Il est certain que les charcuteries sont cancérogènes et que les nitrites et nitrates ajoutés causent, ou à tout le moins, renforcent cette cancérogénicité. Or, il est parfaitement possible de produire une charcuterie de qualité sans nitrite, ni nitrates ajoutés et parfaitement sûre d’un point de vue bactériologique ». Il est donc aujourd’hui plus que temps de se passer de ces additifs.
Une proposition de loi
« Il ressort des travaux de la mission que la balance bénéfices-risques, principe incontournable de la politique de gestion du risque, n’est pas satisfaisante au regard, d’une part, de bénéfices largement surévalués, et d’autre part, de risques partiellement étudiés ». Les rapporteur·e·s proposent donc une loi (déjà dévoilée en décembre dernier) pour une interdiction progressive des nitrites et nitrates dans l’alimentation, en 2023 pour les jambons crus et en 2025 pour les jambons cuits.
Un changement nécessaire pour la santé de tou·te·s, et qui ne peut être laissé dans les seules mains des industriels qui doivent être accompagnés et encadrés par l’Etat.
D’abord prévues pour fin janvier, les discussions sur le projet de loi se dérouleront finalement à l’Assemblée nationale après la remise de l’avis sur le sujet de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), annoncé pour le printemps prochain. L’importance de la transparence autour de cette mission de l’ANSES est essentielle.
L’industrie agroalimentaire en ordre dispersé ?
Les industriels savent faire du 'sans nitrite' - sans risque de botulisme-, ils le disent eux-mêmes et cela se voit dans les rayons des supermarchés : Herta (Nestlé) et Fleury Michon y sont bien visibles. La marque Le Gaulois (LDC) que nous avons interpellée dans notre Calendrier du Vent 2020 pour son filet de canard contenant des nitrites, nous a confirmé que tout le groupe LDC avait pour objectif de supprimer les nitrites dans l’intégralité de ses produits à moyen terme.
Le rapport parlementaire rappelle que Herta – dont le PDG est vice-président de la fédération des charcutiers - a lancé du ‘sans nitrite’ dès 2017 ou encore qu’Aoste – leader mondial du jambon sec - a supprimé ces additifs de ses produits dès 2019.
Pourtant, ces marques et leurs dirigeant·e·s jouent un double-jeu inacceptable. La fédération industrielle des charcutiers traiteurs (FICT) s’obstine et a assigné en justice début janvier notre partenaire Yuka. La FICT voit d’un mauvais œil l’écho donné à ses pratiques de lobbying et d’intimidation pour sauver l’usage des nitrites et nitrates même s’ils sont dommageables pour la santé publique.
Au-delà de l’hémicycle, c’est donc aussi dans les tribunaux que le combat va se jouer. Dans l’arène politique comme face à la FICT, foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer vont continuer à faire front, ensemble.
Votre soutien est le moteur essentiel de cette campagne. Vos près de 325 000 signatures ont permis en 14 mois de passer d’un consensus scientifique à une proposition politique concrète. Continuez à signer et à partager notre action au plus grand nombre afin de gagner ce combat pour la santé de tou·te·s !
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