L’étau se resserre autour de la publicité et du marketing de la malbouffe qui prennent pour cible les enfants, à la télévision comme sur internet. La Convention citoyenne pour le climat a mis sur la table à son tour le besoin d’interdire ces pratiques, face au fléau du surpoids et de l’obésité chez les enfants. Mais ce sujet a été retiré du projet de loi Climat et résilience suite au travail de sape des lobbies et au manque de courage politique d’un gouvernement qui préfère laisser le champ libre à l’industrie agroalimentaire. Soyons clairs : la bataille est loin d’être terminée et, avec vous, nous allons continuer à nous mobiliser sur cette question essentielle de santé publique !
Un combat citoyen miné par les lobbies
En juin dernier, les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat ont repris à leur compte l’interdiction de la publicité pour la malbouffe dans le chapitre « se nourrir ». Une proposition claire, facile à mettre en place, bonne pour la santé de toutes et tous.
C’était sans compter sur la coalition d’acteurs qui veut à tout prix bloquer de telles mesures : les industriels de la malbouffe évidemment, mais aussi les médias qui se financent avec ces publicités, ainsi que les publicitaires eux-mêmes. Dans une réunion de concertation ministérielle en septembre dernier à laquelle foodwatch a participé, ces derniers ont tenté le tout pour le tout pour convaincre les citoyen·ne·s de la Convention et le gouvernement d’abandonner cette proposition, allant jusqu’à prétendre que des restrictions de ces publicités seraient des bâillons à la liberté d’expression !
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient
En novembre dernier, nous révélions la lettre de lobbying de l’ANIA – l’association des industries de l’agroalimentaire – qui insistait auprès de 4 ministres pour que l’interdiction de la publicité pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés soit écartée. Une manœuvre indigne mais payante : quelques semaines plus tard, l’Etat leur donne raison et tourne le dos aux 150 citoyen·ne·s en refusant d’intégrer l’interdiction du marketing de la malbouffe dans le projet de Loi « Climat et résilience ».
Pourtant, tous les experts – Organisation mondiale de la santé, Santé publique France, la Cour des comptes – demandent une interdiction stricte de ce type de publicité, surtout lorsque les enfants en sont la cible, et pointent du doigt l’inefficacité des engagements volontaires des entreprises.
Car si les industriels ne prennent même plus la peine de nier le problème de santé publique, ils font tout pour pouvoir continuer leur juteux business. Les marques promettent de signer des chartes et de s’autoréguler – sans qu’il n’y ait ni véritables contrôles, ni sanctions. Une petite rengaine reprise de concert par le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, le ministère de la Culture, le ministère de l’Environnement et Aurore Berger, députée de la majorité et grande défenseuse des systèmes de contrôle… sans contrôle. Un belle mascarade où les promesses n’engagent que ceux qui y croient, aux dépens de la santé publique.
Une mesure de résilience face aux crises
L’interdiction du marketing qui cible les enfants pour les produits trop gras, trop sucrés, trop salés a pourtant toute sa place dans le projet de loi « Climat et résilience ». La bonne santé globale des populations est essentielle pour pouvoir traverser les crises et y résister. Celle que nous vivons depuis plus d’un an en est une triste démonstration. Les conséquences de la malbouffe – surpoids, obésité, diabète, maladies cardiaques – sont des facteurs aggravants dans des crises comme celles de la Covid-19.
Avec 1 enfant sur 6 et 1 adolescent sur 5 en surpoids ou obèse en France, il est indispensable de porter une attention toute particulière à la santé des plus jeunes et d’enfin privilégier des mesures de prévention plutôt que de laisser et d’attendre qu’il soit trop tard.
Notre voix compte… et la vôtre aussi !
Avec vous, notre ténacité ne faiblira pas. Face au lobbying décomplexé des industriels et à la complaisance du Gouvernement, nous défendrons haut et fort la santé publique et l’intérêt général dans les débats à venir à l’Assemblée nationale.
Et si certains prétendent qu’il suffit de responsabiliser les parents, rappelons que les stratégies marketing pernicieuses, y compris sur internet, sont justement fabriquées pour nous faire perdre toute prise éducative sur le sujet. Il est avant tout de la responsabilité de l’Etat de protéger les enfants du fléau de la malbouffe. Rappelons-leur !
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