Une occasion unique pour interdire l’élevage en cage, en Europe et via les importations
C’est une occasion à ne surtout pas manquer pour mettre fin à l’élevage en cage à l’échelle européenne. D’ici le 15 juillet, la Commission européenne doit apporter une réponse aux 1,4 million d’européen·nes qui lui ont demandé de mettre fin à ces pratiques en signant l'initiative citoyenne européenne (ICE) « End the Cage Age », soutenue par 170 ONG. Mais on apprend que c’est la politique de commerce international qui risque de bloquer cette interdiction, au prétexte que les produits importés ne seraient pas concernés, ce qui crée une concurrence déloyale. Or, il existe une solution : exiger que l’UE interdise l’élevage en cage en Europe, tout en prenant des mesures pour l’interdire aussi dans toutes nos importations. Pour la faire entendre, foodwatch lance une pétition avec le CIWF.
Bannir les cages de nos assiettes : une urgence éthique
Vous voyez une feuille A4 ? Aujourd’hui, des poules et lapins élevés en cage n’ont même pas cet espace pour vivre. Imaginez un peu : moins d’une feuille A4 pour toute une vie. Ce traitement archaïque qu’est l’élevage en cage est la réalité souvent méconnue de votre sandwich poulet-crudités, la pâte feuilletée achetée en supermarché et ces innombrables produits à base d’œufs, de lait ou encore de porc. En 2021, 300 millions d’animaux sont élevés en cage à travers l’Europe.
Bonne nouvelle : la Commission européenne pourrait enfin décider d’interdire ces élevages en cage. Elle répondrait ainsi aux 1,4 million de personnes mobilisées sur l’initiative citoyenne européenne « End the Cage Age » menée par le CIWF.
Mauvaise nouvelle : c’est loin d’être gagné et il va falloir se mobiliser, car le Commissaire européen au commerce Valdis Dombrovskis pourrait faire barrage. Son argument ? Instaurer de meilleures normes de bien-être animal dans l'UE entraînerait une augmentation des importations qui n’interdisent pas l’élevage en cage. Concurrence déloyale : deux petits mots pour éviter de légiférer. La logique est simple, trop simple, car elle risque surtout de servir de prétexte à l’inaction, alors qu’il existe bel et bien une solution, qui demande juste un peu de courage politique.
Droits des citoyen·nes et protection animale ou commerce international, pourquoi choisir ?
Pour limiter ces distorsions de concurrence, la tentation est très grande pour certains décideurs européens de préférer limiter au maximum les règles censées mieux protéger les citoyen·nes, leurs droits, leur santé, l’environnement dans l’UE et refléter leurs aspirations pour notre société en Europe. A cette logique inacceptable et trop souvent entendue, foodwatch répond : « mesure miroir ».
De quoi s’agit-il ? Pour limiter l’augmentation des importations bon marché d’autres pays que pourrait provoquer l’interdiction de l’élevage en cage en Europe, il suffit en effet que l’UE active des mesures d'ajustement aux frontières. Ce type de mesures, judicieusement rebaptisées mesures « miroirs », permettent d'appliquer les mêmes règles sur le sol européen que dans les produits importés en Europe. Conformément aux règles de l'OMC, la Commission européenne peut ainsi décider que seuls pourront être importés les animaux et produits dérivés traités avec les mêmes exigences en matière de bien-être animal que celles qui seront en vigueur sur le marché intérieur de l'UE. La concurrence déloyale disparaît alors et le commerce international n’est plus un prétexte pour niveler les normes sociales et environnementales par le bas – risques que foodwatch dénonce haut et fort avec des accords comme le CETA et le Mercosur.
Bien entendu, ces mesures ne doivent être ni discriminatoires à l'égard des pays tiers ni protectionnistes, mais elles peuvent être prises pour des raisons de santé publique, environnementales et/ou morales. Il existe d’ailleurs déjà un accord d'arbitrage de l'OMC de ce type, qui permet à l'UE d'interdire l'importation de peaux de bébés phoques, précisément pour des raisons morales.
L’échéance est très proche, l’occasion est belle : il ne faut pas la rater. Aidez-nous à convaincre les décideurs européens ! Comment ? Signez et partagez la pétition pour demander au commissaire au commerce, Valdis Dombrovskis, et à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de s’assurer que l'UE renforce efficacement la protection des animaux d’élevage dans l'UE tout en prenant les mesures nécessaires en matière de politique commerciale.
Liens
- A propos des mesures d’ajustement : l’Institut Veblen, la Fondation Nicolas Hulot et Interbev ont publié un rapport pour la mise en place de mesures miroirs dans la politique commerciale européenne
- Compte à rebours CETA : comme avec le Mercosur, les multinationales se régalent, la démocratie trinque, alerte foodwatch (communiqué foodwatch du 9 juillet 2019)
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